TROISIÈME DIMANCHE DE L’AVENT


DIRE

Dire… dire que, même si le pire est probable, nous ne sommes pas à l’abri du meilleur. Dire notre  foi  en  l’être  humain,  en  sa  capacité  de  tendre  la  main  plutôt  que  le  poing,  de  relever son  frère  plutôt  que  de  lui  faire  un  croche-pied,  de  partager  plutôt  que  de  thésauriser.

Dire  qu’en  mille  lieux,  près  de  chez  nous,  les  prisonniers  de  la  pauvreté,  de  l’exclusion, de  l’injustice,  de  la  honte,  de  l’invisibilité,  de  la  solitude,  sont  libérés  par  la  force  de  la solidarité,  de  la  bienveillance,  de  la  confiance.  Dire  que  là,  le  Dieu-Amour  agit  par  les mains  d’hommes  et  de  femmes  de  bonne  volonté.

Là,  le  monde  nouveau  est  en  marche.  Y joindrons-nous nos pas ?

C’est « dans sa prison » que Jean Baptiste reçoit le « bon » de la bonne nouvelle ! Voilà qui ne manque pas d’intérêt. Car, peut-être qu’après tout, on est un  peu  en  prison…  Là  où  l’on  est  privé  de liberté,  de  responsabilité,  infantilisé,  en  quelque sorte,  on  est  en  prison ;  là  où  l’on  est  fragilisé, humilié, victime d’abus de pouvoir et de rapports de forces, on est en prison ; là où l’on dépend pour tout, où l’on n’est plus vraiment identifiable à force d’être uniformisé, l’on est en prison. Là où la maladie, la vieillesse, nous séparent de tout et de tous, nous isolent  et  nous  noient  dans  le  silence,  là  où  l’on pleure de rage, là où l’on se décourage parce qu’on ne nous écoute pas, qu’on ne nous comprend pas, qu’on ne nous voit même plus, on est en prison.

 

Jean  Baptiste  doute.  Ainsi  donc  même  lui,  dont Jésus affirme pourtant qu’il est incontestablement le plus grand des hommes, éprouve des soupçons à  propos  de  Jésus,  de  la  mission  qu’il  est  censé mener à bien. La réponse de Jésus à l’interpellation inquiète de son cousin est un modèle du genre : il ne se justifie pas, il cite. Et les paroles qu’il cite ne peuvent guère que sonner comme un signal imparable puisqu’elles sont tirées d’un contexte où il est essentiellement question de se réjouir, de renaître, de recommencer, d’exulter – et de surtout conforter son courage et balayer la peur de sa maison. Le ciel tombe sur la terre, et la terre se hisse jusqu’au ciel. Et ce qui paraît plus formidable encore dans cette histoire, c’est que, selon toute apparence, la mission du Messie ne consiste pas à faire table rase de tout ce qui existe, à la manière des tyrans qui ont toujours à cœur de laisser croire qu’il n’y avait rien de bon avant eux, mais de partir de ce qui existe et de tout faire pour que ça soit joyeux, en bonne santé, libre, plein de souffle, confiant… Preuve s’il en fallait que Jésus ne se comporte jamais (et nous invite à ne jamais nous comporter) comme de vulgaires prédateurs utilitaristes qui prennent et qui jettent – des  vies  humaines  aussi,  comme  si  ça ne valait pas davantage qu’un déchet. Rien de tel en christianisme où l’on se passionne plutôt pour toute tâche qui consiste à soigner, guérir, réparer, relever, rendre espoir, ranimer, etc.

Echos et résonances dans notre quotidien…

–   En Belgique, 15 % de la population vivent dans la prison de la pauvreté qui exclut et déshumanise. Sachons ouvrir les yeux sur cette réalité, tentons de nous en approcher – en rencontrant l’une des associations soutenues par Vivre Ensemble dans notre région. Non par curiosité malsaine ou par pitié, mais pour mieux comprendre ce qui nous rapproche et pour dépasser les jugements hâtifs. Qu’allons-nous mettre en place dans notre paroisse, notre école, notre mouvement de jeunesse pour favoriser ces rencontres ?

–   Le doute… depuis le temps qu’on donne à la collecte de Vivre Ensemble et à d’autres associations, comment se fait-il qu’il y ait encore autant de pauvreté et d’injustices ? N’est-ce pas un puits sans fond ? Certes, d’un côté il y a un système qui exclut et fabrique de la pauvreté. Mais, d’un autre côté, en répondant à l’invitation de Vivre Ensemble et en allant à la rencontre des associations de notre région, nous pourrons « aller dire ce que nous voyons » : des hommes et des femmes qui se  remettent en marche, qui découvrent qu’ils ne sont pas seuls, qui retrouvent un logement, des amis, une formation ou un travail, des enfants accompagnés dans leur parcours scolaire, qui découvrent les vacances grâce à un séjour à la mer, des jeunes soutenus dans leurs efforts vers l’autonomie… des jardins potagers qui rassemblent, des boutiques qui récupèrent, réparent et dépannent… Allons porter cette bonne nouvelle ! Comment faire connaître autour de nous toutes ces initiatives souvent méconnues ? Un panneau, un article dans le journal local ou sur notre site internet ?

–   Quand tout nous incite à baisser les bras, à dire « moi tout-e seul-e, je n’y peux rien », à nous replier sur nos propres problèmes, les associations nous montrent que réparer des vies, relever des êtres effondrés, rendre espoir à des sans-logis, sans-travail, sans avenir… ranimer les talents qui dorment en chacun… c’est possible et que cela permet de nouvelles naissances : des vies qui reprennent des couleurs, celles de l’espoir et de la solidarité. Comment pouvons-nous contribuer à ces naissances, dans notre quotidien de paroissien, de voisin, de travailleur… ?

Extrait de « Pistes pour un Avent Solidaire »

Édité par Action Vivre Ensemble et sélectionner par Jean O.

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