Le baptême dans trois paroisses de notre unité pastorale


Voilà bien près de 20 années déjà que je m’occupe de la pastorale des baptêmes des enfants sur la paroisse de Notre-Dame de Laeken et quelques années sur celle des Saints Anges et de St Lambert. Baptiser un enfant c’est toujours plus qu’un rite social qui donne l’occasion de faire une fête pour la venue d’une nouvelle personne dans la famille, il s’agit toujours et avant tout d’intégrer cette personne dans la communauté des chrétiens. Tout l’enjeu de la pastorale des baptêmes réside en fait dans ce pôle : comment convaincre des gens qui sont catholiques par tradition familiale à vraiment se rendre compte que ce sacrement suppose également qu’il s’agit du début d’une vie chrétienne qui doit engendrer une pratique régulière de cette foi. Après plus de vingt années de « pratique » de la pastorale des baptêmes, je dois en toute honnêteté reconnaître que nous n’atteignons pas le critère retenu plus haut, d’une intégration dans une communauté supposant aussi une pratique régulière. Mais la situation est plus ou moins partout pareille en Occident, même dans les paroisses faisant une catéchèse préparatoire très longue et très exigeante….

Sur la quarantaine de baptêmes célébrés chaque année dans la paroisse (Les Sts Anges et St Lambert ne générant qu’une ou deux demandes par an), force est bien de constater que près de 99% de ces demandes émanent de familles qui ne pratiquent jamais leur foi au sens ou nous l’entendons, c’est-à-dire avec une assistance régulière à la messe du dimanche. Pour remédier à cette situation inquiétante l’abbé Degand avait déjà prévu en plus de la première visite que je réalise auprès de chaque famille demandant le baptême, et au cours de laquelle une première catéchèse se réalise, de rassembler tous les parents demandant le baptême de leur enfant pour une heure de catéchèse, un dimanche par mois avec la présence d’un père de famille, en l’occurrence ici Jacky Trifin .
C’est déjà une autre façon de conscientiser les parents sur la portée réelle du baptême et sur les conséquences qu’il engendre. Mais là encore nous sommes loin du compte ! Quand on demande aux parents pourquoi ils font baptiser leur enfant, les mêmes réponses surgissent régulièrement : « Par tradition, pour lui donner une « protection » (comme si cela éloignait comme par magie tout danger éventuel), pour lui transmettre ce que nous avons reçu nous-mêmes, etc… »

À ce ‘problème’ vient s’ajouter un autre défi, celui de la composition sociologique de nos paroisses. Si il y a vingt ans, une bonne partie des demandes émanaient encore du territoire de nos paroisses, force est de constater qu’aujourd’hui, la presque totalité de ces demandes émane de francophones habitant le Brabant Flamand et qui ne peuvent faire baptiser leur enfant dans leur langue maternelle là où ils résident. Le public essentiellement musulman de nos paroisses a coupé les pasteurs des habitants de nos quartiers, laissant un public chrétien généralement précarisé ou d’origine africaine habiter le territoire paroissial. Cela engendre une approche différente de chaque demande, les Africains étant en général plus religieux et priants au cours des baptêmes que leurs homologues européens plus critiques et sécularisés. Tout ceci pourrait donner l’impression d’une pastorale morose et peu gratifiante. Il n’en est rien, puisque célébrer une vie nouvelle est déjà quelque chose de joyeux qui permet de mettre l’accent sur le don de Dieu et la confiance qu’Il accorde à ces jeunes couples qui ont engendré une nouvelle vie. Chaque baptême, même célébré individuellement au cours des dimanches après-midi, est toujours vécu comme un beau moment, puisqu’il a été bien préparé, que les parents ont été confrontés à des textes bibliques qu’ils ont pu choisir, qu’ils ne sont pas perdu dans le rituel que toute l’assistance peut suivre aisément dans un manuel clair et facile où se retrouve toute la liturgie de l’Église.

Comme pour beaucoup d’autres sacrements, le pasteur doit toujours bien se rappeler qu’il sème et que la croissance de cette pousse est toujours imprévisible. Là où l’on attendait beaucoup, on ne récolte parfois rien du tout et là où l’on n’attendait rien, surgit sans trop savoir comment une foi qui produit du fruit ! Baptiser une personne même incapable de s’exprimer tel un bébé, c’est aussi sauver son âme et marquer ce qui est invisible à l’œil nu du sceau du Dieu invisible. C’est en ce sens aussi qu’il faut comprendre que le prêtre s’adresse à certains moments à l’âme du baptisé, de laquelle il expulse par le rituel de l’ondoiement, le péché originel, sans qu’il n’ait fallu pour cela que le catéchumène ait dû faire quoi que ce soit pour ‘mériter’ son baptême qui est ici purement de l’ordre de la grâce et du don de Dieu.

Il s’agit donc en définitive d’une pastorale passionnante et aux enjeux multiples et qui n’est pas prête de disparaître, même si comme pour tous les autres sacrements, elle suppose une catéchèse et une préparation adéquate.

Père Mohan

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