« Il s’en alla et se lava ; quand il revint, il voyait » (Jn 9, 1-41)


4ème Dimanche de Carême (1)

Depuis toujours, la cécité a fait partie de ces handicaps les plus horribles qui puissent frapper un être humain. Ne pas avoir le bonheur de voir les siens, ses parents d’abord, ses enfants et ses amis ensuite est certainement quelque chose d’horrible à vivre. La chose est encore supportable lorsqu’on est né aveugle, puisqu’on n’a jamais vu ce qu’était réellement le monde, mais lorsqu’on le devient suite à une maladie ou au poids de l’âge, c’est franchement insupportable à vivre !

Depuis le nuit des temps, l’homme a aussi cherché à voir Dieu. Voir les hommes et les choses qui nous entourent voilà qui est bien simple, il suffit d’avoir de bons yeux pour cela, mais quand ils ‘agit de voir l’Invisible ou Celui qui est caché aux yeux des mortels que nous sommes, c’est une autre paire de manche ! Ce n’était déjà pas évident pour les plus grands saints. Même ces âmes choisies, elles qui bien souvent ont consacré toute leur vie à rechercher Dieu et qui ont parfois eu des signes bien concrets de sa présence dans leur existence, parlent néanmoins de longues périodes de sécheresse et d’aridité, voire de total isolement. Saint Jean de la Croix, le réformateur du Carmel et l’un des plus grands mystiques que notre Eglise ait jamais connu, a lui-même écrit à propos de la vie de prière une œuvre portant le titre très révélateur de la nuit obscure.

Voir Dieu ! que cela doit être beau ! Mais est-ce vraiment possible ici-bas ?  Beaucoup de gens me disent qu’ils ont du mal à prier. C’est quelque chose de tellement abstrait, on a vraiment l’impression d’être devant un mur. Est-ce qu’il y a donc vraiment quelqu’un qui nous écoute là derrière ou bien est-ce plutôt un besoin psychologique de l’homme qui le pousse à inventer un Dieu pour trouver une consolation à ses problèmes ?  En guérissant l’aveugle-né, Jésus veut non seulement guérir physiquement un pauvre malheureux, mais surtout Il veut clairement faire voir et sentir aux Juifs qu’Il est Lui le visage de Dieu, que c’est en croyant en Lui que l’on trouve la vraie lumière et la véritable réponse à tous nos doutes sur la présence divine à nos côtés. Oui heureux qui croit sans avoir vu dira-t-Il à Thomas qui doutait de sa résurrection.

Il y a quelques temps, je recevais chez moi un jeune qui se posait énormément de questions à propos de Dieu. Cela lui semblait être un véritable casse-tête. Pourquoi ci et pourquoi çà ? Il n’y avait comme pas de fin à toutes ces interrogations. Une fois que j’en eu terminé de répondre à toutes ses questions, je lui demandai à tout hasard s’il lui arrivait de prier. ‘Non’ –me dit-il- ou alors très rarement.’

Voyez-vous frères et soeurs, c’est symptomatique de notre génération qui est habituée à pousser sur un bouton pour voir une image apparaître sur son écran.

On veut voir Dieu tout de suite et sans faire d’efforts pour Le voir, alors on ne peut qu’être déçu car Dieu ne marche pas à ce petit jeu-là. Pour voir Dieu, pour guérir de cette cécité-là,

il faut la foi et donc il faut la prière car elle affermit notre foi.

La foi est toujours un don de Dieu. Ce n’est pas quelque chose que l’on obtient à force de se poser des questions. Même s’il est légitime de laisser à la raison toute sa place dans la démarche de foi, il est essentiel de se présenter à Dieu les mains vides, avec un cœur grand ouvert et de Le laisser nous toucher dans la prière.

A l’aveugle-né qu’Il guérit, Jésus ne pose qu’une question, mais elle est essentielle : Crois-tu au Fils de l’Homme ?

Et l’autre de répondre comme un homme d’aujourd’hui avec tout son esprit et toute son intelligence:  Et qui est-Il Seigneur pour que je croie en Lui ? Jésus de répondre :

Tu le vois, c’est Lui qui te parle.

A nous de nous laisser toucher par Dieu et de Le prier avec tout notre cœur en disant comme lui : Je crois Seigneur.

Dieu n’est jamais loin de nous. Il n’attend pas grand chose pour se laisser voir…

Si nous prenons vraiment les moyens et le temps pour qu’Il se fasse sentir, alors nous découvrirons sa présence dans nos vies, nous viendrons à la messe avec des ailes, nos moments de prière ne nous paraîtront plus ennuyeux et lassants, mais notre vie de prière deviendra intense et profonde et nous n’aurons pas peur du regard des autres pour nous prosterner devant Lui.  

Père Mohan

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